La Fayette, nous voilà !*

Publié le par Alpasyr Meringensis


 * phrase attribuée au général Pershing lors de son arrivée sur le sol français en 1917, en fait prononcée par son adjoint le colonel Stanton la même année au cimetière de Picpus où repose Gilbert du Motier de La Fayette.

Un grand homme ce marquis de La Fayette. Je l'aime bien. Il déclara à la tribune de l'Assemblée en 1790 : "Pour la révolution, il a fallu des désordres, car l'ordre ancien n'était que servitude, et, dans ce cas, l'insurrection est le plus saint des devoirs. Mais pour la constitution, il faut que l'ordre nouveau s'affermisse, et que les lois soient respectées".

La Fayette, héros de la Révolution jusqu'à la chute de la monarchie (et de la tête de Louis XVI), n'aimait pas Napoléon, autre héros de la Révolution jusqu'à son propre coup d'Etat, qui le lui rendait bien. On ne connaît pas deux héros qui cohabitent dans un même espace, ça n'est pas possible. D'abord enthousiasmé par la Restauration monarchique en 1815, il déchante rapidement et finit par se rallier à la Révolution de 1830 en contribuant à la chute des Bourbons. Mais, voyant les dérives du monarque de Juillet, qui avait fini par oublier qu'il était "Louis-Phillipe Ier, roi des Français" et non "roi de France", il a su à temps quitter ses responsabilités et rester fidèle à ses convictions.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait proposé que les cendres de La Fayette soient transférées au Panthéon. Si ça se produisait (fort peu probable, bien que ce fût une bonne idée) je serais alors tenté de comparer Sarkozy à Louis-Philippe faisant revenir les cendres de Napoléon à Paris en 1840. "Au secours, La Fayette, soit ma caution pour montrer que je suis républicain même dans un régime qui est presque une monarchie déguisée". Je n'ai rien contre les monarchies, au contraire, surtout lorsqu'elles sont constitutionnelles, et encore davantage quand elles sont aussi parlementaires. Mais dans ce cas-là, qu'on le dise et qu'on arrête de faire semblant.

On a fait dans la presse française 10 000 comparaisons entre Sarkozy et le mythe napoléonien. Pas toutes très judicieuses. Sarkozy n'a pas la finesse d'un Bonaparte. Quand on voit actuellement l'histoire du fameux "fichier EDVIGE" et ce qu'il implique, c'est à se demander s'il a même la carure d'un Louis-Philippe.

La Fayette, héros des deux mondes, même si à mon humble avis vous méritez bien le Panthéon, je préfère vous savoir pour le moment au chaud dans la tourbe de Picpus plutôt que de voir votre dépouille refroidie monter la rue Soufflot dans ces conditions. Surtout si dans le cortège "présidentiel" se trouvent le charmant prince Jean de la Mèche-Neuilly et la princesse Darty.

Mais, au fond, je me trompe sans doute. C'est peut-être moi qui suis jaloux. Et en plus impatient de figurer dans le fichier EDVIGE en tant que chef d'un micro-Etat non reconnu internationalement, qui plus est sérieusement atteint par le vice italien/allemand/français, selon le pays d'où, chers amis, vous me faites le plaisir de me lire. 


Illustration : statue de La Fayette sur le cours Albert Ier, Paris VIIIe arrondissement, France.

Publié dans Pensées du chancelier

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