Le monde ancien s'en est allé, un nouveau monde est déjà né (deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens)

Publié le par Alpasyr

Entre le début et la fin de cet été, tout aura changé. C'est du moins ce dont j'ai l'impression. Un changement marqué par trois étapes.

SFU5.jpgLe changement s'amorce avec la vision des cinq saisons de la série Six Feet Under, regardées en une seule traite. Deux semaines de bloquées pour ça, deux semaines utilement employées. J'avais l'intention d'écrire un bel article sur Six Feet Under, un article qui aurait dit à quel point j'ai été touché par cette série, qui aurait dit à quelle point les personnages étaient beaux, l'atmosphère éminemment réelle, les intrigues intelligentes, mais cela n'aurait pas fait avancé grand chose et aurait été bien en dessous de ce qu'il faudrait dire. Je m'en tiendrai donc à ce constat : j'ai pleuré pendant une demi-heure à la fin du dernier épisode de la dernière saison. Je n'arrivais pas à me retenir, je ne voulais d'ailleurs pas me retenir. Je n'étais pas triste, j'aurais du mal à expliquer exactement ce qui s'est produit. C'est sûrement ça, la catharsis. 

La deuxième étape du changement intervient à la fin du mois de juillet. Tout heureux, j'annonce une rémission suite à une révélation dont il a déjà été question. Mais l'été fut ensuite excécrable, comme si les pluies d'août avaient été un reflet de mon état d'esprit. Une descente aux enfers morale, psychologique dont, je l'avoue aujourd'hui, la fin ne pouvait prendre que deux formes : un déclic conduisant à un rétablissement progressif ; ou la fin, d'une manière ou d'une autre. 

Pourtant, quand on commence à se remettre, il en reste toujours quelque chose. Le travail de réflexion permanent, les insomnies qui en découlent, tout ça me force à penser qu'il faut enfin parler. A elle. Maman. D'abord, mon esprit ne veut pas. Mais il se fait à l'idée que c'est inéluctable, et finalement, il s'habitue, et tout cela lui semble moins dur maintenant qu'il a déjà répété toute la conversation avant même qu'elle se produise. Il est malin, mon esprit, il connaît déjà quasiment toutes les réponses de sa future interlocutrice. En plus, il a à sa disposition des yeux qui savent un peu lire dans les pensées des autres (oui, je sais, ça a l'air flippant mais ça n'est pas totalement faux. Alors faites gaffe !).

APS-apr--s.jpgEt le film se déroule comme prévu dans cette cuisine lorraine vendredi après-midi dernier. Maman et moi sommes seuls, je vais mieux, je veux parler, et elle le sait. Alors on parle. Tout se passe comme dans Six Feet Under, je veux dire par là que tout sonne vrai (mais pas du vrai au sens du pragmatisme sarkozyste, plutôt du vrai balzacien). Et là encore, on pleure, mais une fois de plus il n'y a pas de tristesse. Le pire est passé, le pire a été évité. On apprend des choses sur soi, et des choses sur elle, sur sa perception de toute l'affaire. Elle sait déjà tout, je sais qu'elle le sait, et elle sait que je sais qu'elle le sait. Mais il fallait parler, histoire de "vérifier" ; c'est comme un épilogue, qui donne des nouvelles des personnages après que l'action s'est déroulée. 

L'épilogue en question se termine ici par un contrat : le principe de "l'open-question", ou de ma fameuse "réforme de l'Etat (d'esprit)". S'il y a une question a posé, elle pourra le faire à présent sans se voir opposer de ma part un silence total ; parce qui oui, je ne parlais jamais de moi. On a toujours peur que les gens ne soient pas prêts à entendre les réponses aux questions qu'ils posent. Dans une transfiguration (et vous savez que j'aime cette image), il y a celui qui la vit, et ceux qui en sont témoins. S'il n'y a pas de témoins, il n'y a pas de transfiguration.

Alors oui, il reste encore des choses à dire, mais elles vont être tellement plus faciles à dire. Normalement, tout a donc changé. Je n'avais jamais rien eu à reprocher à ma mère, il est maintenant clair qu'il en sera ainsi pour le reste de ma vie. On ne choisit pas ses parents, mais putain que je suis bien tombé.

 

Publié dans Vie d'un chef d'Etat

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A
Mais si, tu es encore au boulot, Julien. D'ailleurs ça ne peut pas être Amandine vu qu'elle ne s'est pas rendue compte que je n'allais pas bien même quand nous nous parlions et que nous étions proches.
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A
Ce n'est pas Julien, d'ailleurs de mémoire il n'a pas Internet là où il est.
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A
Très drôle Julien, je t'ai reconnu...! Je n'oublie jamais mes amis. Sauf si bien sûr ils m'oublient. Mais ça n'est pas ton cas, la preuve !
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A
Je suis contente que tu ailles mieux, mais ça ne doit pas t'empêcher d'oublier tes amis
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N
Merci, vengeur masqué de la nuit, armé de sa seule (trempée dans l'aciiiiiiiiiiide)plume!
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