Les Buttes-Chaumont
Mon coup de coeur urbanistique du moment se porte sur le parc parisien des Buttes-Chaumont (XIXe arrondissement de la capitale française).
Il s'agit d'un parc pittoresque créé au XIXe siècle, sous le Second Empire. Prévu par les plans du baron Haussmann, alors préfet de la Seine (1), le parc des Buttes-Chaumont a été réalisé par plusieurs architectes-paysagistes placés sous la direction de l'ingénieur Alphand.
Il occupe l'emplacement d'anciennes carrières ayant servi à la construction des immeubles du centre de Paris. A l'origine, il se trouvait là un relief où aucune végétation ne poussait, un "mont chauve" en quelque sorte, un "chauve mont", bref, un "chaumont", d'où le nom des buttes.
Il s'agit d'un grand parc à l'anglaise comprenant de nombreuses variétés d'arbres parfois rares. Les anciennes carrières formaient un paysage accidenté propice à l'aménagement d'un parc hors du commun. L'ingénieur Alphand a donc fait accentuer ce relief en creusant davantage certains endroits de la falaise calcaire et en rehaussant d'autres parties du terrain. Grâce à l'eau fournie par le bassin de La Villette, on aménagea une grande cascade, une rivière et un charmant lac en forme de haricot au pied de la falaise. Celle-ci constitue, avec la grotte artificielle, la principale attraction du parc. On y accède soit par le pont des Suicidés, soit par le pont Suspendu. Ce dernier, ainsi que l'escalier creusé dans la falaise, sont malheureusement fermés depuis plusieurs années pour travaux. Au sommet du promontoire, l'architecte Gabriel Davioud a édifié en 1869 un petit temple circulaire qui est une réplique du temple de la Sibylle de Tivoli. On y découvre une très belle vue sur Montmartre et l'Est parisien.
Plusieurs aménagements artificiels du parc sont actuellement en mauvais état, la piètre qualité du béton et les vandales ayant fait leur oeuvre. Mais cela ne confère-t-il pas un charme d'autant plus romantique à ce parc qui veut l'être ? La visibilité du passage du temps étant l'une des caractéristiques du vrai romantisme (2).
(1) La Seine était le nom du département qui comprenait alors Paris et ses communes limitrophes.
(2) Donc le contraire de Roméo et Juliette.